Faire un half était l’objectif n°1 de Madame en cette année de reprise pour elle après une bonne quinzaine d’année d’arrêt du tri. Pour moi, à 6 semaines de Kona, juste une occasion de faire une bonne séance alors que le niveau de prépa est loin d’être optimal. Ce, pour plusieurs raisons : une récup’ de Nice en douceur, qui s’est prolongé par une météo estivale vraiment pourrie sur mon lieu de villégiature, pas propice du tout à un entraînement Ironman, une motivation en dent de scie. Bref, un entraînement plus proche de l’entretien que de la prépa commando du style wattage, chocage, dépotage ou tout autre terme en « age » chers aux forçats des prépas bépécistes.
Seule incursion dans la réalité triathlétique cet été, le tri M de Nyon : course correcte dans l’ensemble mais une course à pied peu reluisante signe probable d’un manque de travail dans cette discipline.

J’abordais donc ce half de Vichy avec l’envie de savoir où en était le bonhomme mais avec une parfaite conscience que même cette distance risquait d’être longue au vu de la prépa effectuée jusque là. Donc pas de pression, et beaucoup de plaisir de gouter à un format que je n’ai jamais pratiqué et sur une organisation ultra professionnelle, parfaite de bout en bout, menée de main de maître par Gaël Mainard et son épouse. Qu’ils en soient remerciés et félicités !

Natation : 1 900m / 26’19 - (1’23 / 100m)

Le départ est donné à 8h (ouch !!), dans une eau à moins de 20°. Le parcours est simple, limpide, à la Hawaienne : un aller, un demi tour, un retour. Je me place au milieu de la ligne de départ, vu l’agglutinement sur la gauche. Départ rapide mais clean, pas de coup, pas de gène, c’est cool ! tout de suite, je vois des gars qui semblent se détacher, je choisis mon poisson pilote juste à droite, tout en surveillant un petit groupe sur la gauche. Au bout de 200m, tout le monde se regroupe, on doit être 6, 3 devant bien alignés, 2 derrière bien calés (dont bibi !!! soyons malin !!) et 1 encore plus malin encore derrière. Je pense qu’un gaillard est parti encore devant car les kayaks qui ouvrent le chemin sont assez loin. Avant le demi-tour, 2 gars accélèrent, font craquer le 3ème larron ouvreur, et prennent 10 mètres d’avance…pas grave, on va régler ça à la bouée pour une partie puis un peu de chasse patate à 5 mètres pour recoller. Ils sont pas cool devant, dès que je reviens dans les pieds, ils en remettent une couche et paf encore 3 m à boucher. Tout le retour se fait comme ça en accordéon, un coup dans les pieds, un coup en chasse. Mes sensations sont moyennes, je sens que je dois pouvoir nager plus vite mais les bras disent non…

A la sortie, je suis 5ème en 26’19. Temps moyen par rapport à un 52’ à Nice sur le double de distance. Je pensais pouvoir nager en 25’ voire un peu moins. Bon, les distances sont toujours un peu aléatoires en nat’ et une erreur de 25m, c’est 20 secondes dans la vue…

Transition très moyennasse (3’13), je ne sais même pas où je me situe quand je pars…en fait, je m’en fiche puisque j’ai décidé de ne faire que sur mes sensations, alors j’y vais…

Vélo : 91 km / 2h18’49 – (39,33 km/h)

Comme souvent, à froid, j’ai un peu de mal à me mettre en route, donc j’y vais progressif sur les 15 / 20 premiers kilomètres, le temps que les Cancellara et autres Tony Martin équipés de moteurs V8 turbo, me laissent sur place…bon ben on discutera à l’arrivée les gars…

Au bout de 20 bornes, mon turbo diesel commence à ronronner, je trouve mon rythme et j’appuie. Le parcours est propice au watt »age » , les kilomètres défilent, ça roule !! Les pauvres Ironmen se font avaler, j’ai un pincement à chaque fois que j’en double un, on est pas du tout dans le même effort et on vient perturber leur rythme de croisière. Mais bon faut avancer alors…vroum vroum !

A part des hommes de fer, je suis seul au monde dans cette deuxième partie de parcours, c’est assez reposant de ne pas se préoccuper de sa position par rapport aux autres, ce ne sera pas le cas dans 6 semaines à Kona, où on risque de disputer plutôt une étape de tour…

Bon là je profites, mais en me disant que même si je roule autour des 40 km/h de moyenne, d’autres doivent envoyer des 44 / 45 km/h…la course est loin d’être finie.

L’effort a été plaisant sur ce parcours même si la solitude l’a rendu un peu monotone. Content que les cannes suivent ce rythme là sur cette distance !!

Deuxième transition correcte mais sans plus, je m’emmêles un peu les pinceaux mais rien de catastrophique, je fais ma course…on m’annonce 13ème, je m’étais fixé dans le top 20, ça va…

Course à pied : 21 km / 1h24’44 – (14,9 km/h – 4’02 / km)

Bon là, c’est encore moyenasse, pas top, pour rester positif, y a du mieux ou pour parler « prof », « peux mieux faire »…

Le démarrage semble bon, les jambes sont lourdes mais répondent, ça semble avancer…. Verdict au 1er kil, le GPS m’annonce 4’20 !!! quoi ?? tain c’est quoi c’t’histoire ??? j’avais décidé d’un départ prudent mais y a des limites quand même…allez secoue toi, sors les doigts du c… et bouge !!!
2ème kil, Garm’ (oui oui, j’aime bien donner des surnoms à mes seuls compagnons de course !!) m’indique 4’00 puis 3’54 au 3ème kil. C’est mieux !!

Fort de mon expérience Niçoise et cette belle hypo, je ravitaille, j’attaque les bananes, les gels, le soda et j’essaie de maintenir ce rythme…Je reprend même 2 places, toujours ça de pris pour la suite. Et du coup tout mon 1er tour sera bouclé à cette allure. J’aimerais bien faire le 2ème aussi comme ça, je dois en être capable non ?? ben non, j’en étais capable, mais ça c’était avant…pas aujourd’hui.

Sans avoir l’impression de baisser l’intensité, sans sentir être dans le dur, au contraire, le cerveau marche bien, mes kilos passent de plus en plus lentement. Je m’attends à me faire avaler par des meutes des coureurs affamés mais les kil passent et tant bien que mal, je résiste. Je sors du petit tour en ville et attaque cette longue ligne droite qui doit m’amener au pont qui traverse l’Allier et qui marque les dernières encablures du parcours. A 300m du pont, j’entends souffler, merde en v’la déjà un, j’espère qu’ils sont pas 25 dans ses pieds. Le gars me passe et me scotche, bon…

Ravito en bas du pont, le dernier de la journée, et attaque de la petite montée…un gars arrive à ma hauteur, pas essoufflé pour un sous et me glisse « allez max, c’est bon c’est la fin ». Tiens un spectateur que je connais et qui me court après, ok, je me retourne pour voir qui c’est…et non, c’est juste Mr François Dauvergne, Jurassien comme son nom l’indique, collègue du team UP2, qui me reprend, l’air je viens de démarrer la course, c’est cool…La vache, comment il fait là ??? une vraie gazelle !! « Allez on finit ensemble, c’est cool ?? » - « Euh François, il va être long ton dernier kilo là, t’as fait le vélo et la nat’ ou tu viens de démarrer ? » - « ouais pas grave, c’est cool de terminer ensemble » - « ah ouais, ça c’est cool, mais t’es sur que tu veux pas reprendre le gars devant là, il n’est qu’à 50m, franchement va le chercher, t’occupe pas de moi » - « t’es sur ? » - « ouaip »

A peine le temps de dire ouf, le François part à grandes enjambées (je pense qu’il fait un pas quand j’en fais dix…), me reprend le gars en à peine 200m, le largue total et moi avec !!

Franchement, un état de fraicheur remarquable, donc une gestion de course parfaite, grand bravo !

La ligne pointe à l’horizon, j’ose enfin jeter un coup d’œil derrière moi…merde, y a 2 gars juste derrière…eh les mecs, cool, j’ai pas envie mais alors pas envie du tout d’aller taper un sprint là, alors on reste sage comme ça et tout le monde est content hein ??

Ok, ça a visiblement fait l’unanimité, on reste comme ça…je termine donc 13ème, mort…mais satisfait. Je m’estimais autour des 4h25, je boucle le machin en 4h15, c’est un bon temps de référence sur cette distance me semble-t-il…

A peine la ligne franchie, un gars me saute dessus « c’est quoi ton nom ? tu fais bien 13 ? » - « qui t’es toi ? journaliste ? responsable du protocole ? je fais un podium, c’est ça ?? » - « non médecin, t’es tiré au sort pour le contrôle anti dopage » - « ah ok, 1ère fois de ma vie que je gagne un tirage au sort, c’est cool, j’vais peut être jouer au loto ce soir alors hein ? c’est mon lucky day !! »

Bon au-delà de la plaisanterie, ravi de voir des contrôles se généraliser, même si ce n’est jamais assez. J’ai milité pour ça quand j’étais athlète de haut niveau, je ne changerais jamais de position sur la question du dopage. Donc je m’y suis soumis avec plaisir et entrain même si le 1er pipi d’après course est très long à venir !!
Seul truc pas cool avec ce contrôle, je n’ai pas pu voir Marie-Line arriver. Elle boucle l’affaire en 5h35, chapeau bas !!

Allez, je vous laisse, parce que rédiger ce n’est pas s’entraîner, et y a une échéance à préparer qui va arriver plutôt vite !!!