Quelle belle épreuve ! J'adore Nice et son triathlon que j'ai disputé à de nombreuses reprises sur son ancien format (oui je sais, ch'uis un ancien ! un dinosaure disent les jeunes de mon club !!). J'y ai connu d'immenses joies et d'aussi immenses déceptions.
C'était donc avec un goût de connu mélangé avec du totalement inconnu que je m'étais inscrit à cette épreuve. J'avais pas eu trop le choix à mon retour d'Hawaii, il ne restait des places que là...mais je ne le regrettais pas.
Samedi : petit tour dans le village pour saluer nos partenaires présents (Compressport, Compex) avec tous les membres du Team UP2, moments agréables pour se retrouver et échanger et puis c'est l'heure d'aller s'isoler, les jambes en l'air, petite sieste bien méritée avant la dépose du vélo ! J'adore ce moment où on laisse son compagnon (ben oui, 5h qu'on va passer ensemble !), où on sait que ça y est, c'est parti, on peut plus reculer et la prochaine fois qu'on le revoie, ben c'est à H-2 !! Allez pas de sentimentalisme, back home, diner tôt et repos (dodo ? non pas vraiment).
Réveil à 4h...désolé ma chérie...pas le choix ! prépa des dernières affaires, traditionnel et succulent (immangeable l'estomac noué) gâteau (bourratif) énergétique et c'est parti vers le parc. Prépa du vélo, vérification des sacs de transition, vaseline, combi, derniers bisous et c'est partiiiiiiii !
Je rentre dans l'eau pour l'échauffement, easy, c'est pas la mer du Nord !, nage 200m et regarde cette plage ou commence à s’agglutiner des pingouins mutants, morts de faim, de trouille aussi peut être, c'est impressionnant ! Bon place à trouver sa place justement...l'orga a fait des sas en fonction de son temps estimé de natation : -55', -1h, -1h02 etc...espérant nager en 51' / 52', la logique voudrait que j'aille dans le ler sas. Que nenni, je suis un petit malin, le seul bien sur !...j’aperçois ce sas déjà blindé de mecs, bave aux lèvres, serrés comme des...(ah c'qu'on est serré au fond de cette boîte, chantent les sardines, chantent les sardines...) mais je m'égare...ça semble pas être un bon plan sauf avoir envie de passer dans le tambour de la machine à laver pour commencer la journée ! Donc mon choix se porte sur le 3ème sas, -1h02 où notamment 2 gars sont assis par terre à côté de la barrière, l'air cool, pas méchants. Je me dis vous, vous allez me laisser faire un départ peinard et moi je vous ouvrirais une petite trace...échange de bons procédés ! Je me place devant eux, je m’agrippe à la barrière, montre un peu les crocs quand on s’approche un peu près et attends le départ. Coup de canon ? fusil ? Corne de brume ? non non, à l'ancienne, y en a un qui part et tout le monde suit...c'est parti !
NATATION
Je pars bien, vite : 3800m, c'est un 400m à bloc et une survie ensuite. Je vois des gars encore plus malins sur ma gauche qui s'étaient mis dans les sas vraiment pas rapides, rrrrrooooooohhhhhh ! J'ai donc une flèche à gauche et une flèche à droite (le sas -55') et moi tranquille au milieu. Ca se regroupe avant la bouée, chacun trouve sa position et maintenant y a plus qu'à gérer. Sortie à l'australienne, je suis 2 je pense, puis ça bastonne un peu mais le 2ème tour passe aussi bien que le 1er. Bilan : 52'56, 15ème au total, 1er M40 !
VELO
Dès le départ, les jambes tournent bien. Je pars prudemment, vide quasi un bidon en 20 km, eau salée oblige ! Les 20 premiers km sont plats, ça permet de bien se chauffer avant d'entamer les choses sérieuses.
La Condamine, 500m à 12%, tout à gauche et déjà une petite sélection se fait. On embraye tranquillement derrière avec des faux plats montants et descendants et on se retrouve rapidement à 4 : 2 pros Brader, Schramm et 2 M40 Edouard Entraygues (5ème M40 à Hawaii 2013, un mec énorme !) et moi. Dans cette portion, la pluie commence à faire son apparition et mouille la chaussée qui devient glissante donc dangereuse : vigilance.
La descente sur Tourette est périlleuse mais elle passe bien, je fais attention à mes freinages et mes trajectoires : le katana est précis aidé par le guidon Vision Trimax et du coup je ne ressent pas de danger absolu !
On attaque alors les premières pente du col de l'Ecre : 20km avec des pentes plus ou moins raides. Je suis toujours avec mes cadors et toujours tranquille. A Chateauneuf de Grasse, la pente s'élève...j'ajuste mon développement, me met un coup en danseuse et au bout de 200m me retourne et constate que j'ai creusé un trou sur mes compagnons...je décide (je suis très con parfois !!!) de continuer sur ce rythme...nan mais quel gros naze !!! Essayer de se barrer d'un groupe comme celui-là mais elle est passée où ton humilité doudou !!! En même temps entendre sur le bord "eh c'est le 1er groupe d'age, ouah c'est fort !" ben ça fait un peu éclater le cerveau !
Evidemment, à 5 km du sommet, tout le monde me reprend, et à 4km, les crampes arrivent et je lâche...et je prends cher !!! Sur le plateau de Caussols, ça va pas du tout mieux, et en plus il pleut de plus en plus et j'ai froid. Heureusement la descente sur Gréolières arrive et me permets de me refaire la cerise, du moins en apparence car dans la côte de St Pons (7km), mes jambes sont dans le même état, je monte au ralenti en me disant de limiter la casse.
L'aller retour au col de Vence va me renseigner sur les dégats subis : je croise mes anciens compagnons et met 6' pour aller au demi tour ! Eh oui, 12' de retard en 50 bornes, aïe ! Bon pas grave, ça va mieux et maintenant c'est descente toute ! Je croise mes petits UP2 et attaque les 60 derniers km un peu mieux.
Belle descente, sans prendre de risque mais une ou deux petites frayeurs, pas de glissade mais des roues qui vont se prendre dans des trous sur la route...à 60 km/h, ça surprend !!
Arrivée en bas, encore 20 km, la sensation de faim fait son apparition mais c'est vrai que depuis 40 km, c'est un peu compliqué d'aller chercher de la barre dans sa poche, de la déballer et de manger avec tous ces virages partout !!! Donc mes 20 km seront consacrés à l'alimentation, à faire le plein des réserves...
Retour sur la promenade : émotion de revoir du monde, comme si on revenait de la guerre !!
Temps final : 5h15
MARATHON
Je pars avec plutôt des bonnes sensations. Je craignais pour mon dos, je ne ressens rien, donc je pars vite...trop vite !
Il pleut sur la promenade, pas plus mal pour courir un marathon mais le temps a sans doute été plus consommateur d'énergie.
je boucle mon premier 10 rapidement en 41'30 environ puis me mets sur des allures un peu plus raisonnables. Au 15ème, je recommence à avoir faim et décide d'ajouter de la banane dans mes prises de ravitos. Je suis sur boisson énergétique, gel (1 par 5km) et banane. Vers le 20ème km, mon état s'est fortement dégradé mais je continue sur ce régime...mes temps de passage se dégradent fortement et surtout je sens que je commence à perdre de la lucidité...hypo ? Hypo !!
Je décide de modifier mes ravitos, car il y a urgence : banane 2 morceaux, coca 2 verres, à chaque passage. Pas terrible sur le papier mais je n'ai pas le choix !! Au 22ème, Marie-Line me booste et court à mes côtés 2 km. Au retour (le 6ème) pareil, elle m'encourage, me booste, me remet dans la course alors que j'en suis quasiment sorti : j'ai des visions de lit, oreiller et gros dodo !!! Mais grâce à elle, je continue et surtout je garde mon régime, bananes coca.
dernier passage sur la ligne, je commence à esquisser une perspective d'amélioration ou l'effet psychologique du dernier aller retour peut être...
En tout cas, je sens que mon rythme s'accélère et que l'hypo passe. Je ne me projette que sur le ravito suivant où c'est toujours la même rengaine : banane coca...
34ème, Marie-Line me poursuit à nouveau, elle voit que ça va mieux, je lui dis et on sait que ça va aller au bout !! Mes km, qui étaient passés à 5'55 redescendent progressivement à 4'30 et j'avance à ce rythme jusqu'à l'arrivée.
Dernière ligne droite : délivrance, joie mais...pas de "you're an Ironman", ça ça manque quand même !!
Marathon : 3h17"52
Temps final : 9h33'03, 54ème, 8ème M40, back to Kona !
Remerciements :
Pour leur soutien sans faille et pas que sur la course : ma petite femme, je sais c'est banal, mais c'est juste une réalité...un boost permanent ! Mes 2 zouzous, qui me font courir partout mais avec un tel plaisir et un tel enthousiasme. Mes parents, encore et toujours présents depuis le tout début !
Team UP2 et ses membres : une motivation permanente et un soutien matériel sans équivalent !
Les VMT : bonne humeur et convivialité
Tous les triathlètes croisés, leurs familles, tous les gens connus ou inconnus qui m'ont encouragé, soutenu, adressé des petits mots.
Tout ce monde encourage et contribue à se dépasser et aller au bout ! Merci à tous, l'aventure continue !!! Aloha !!