Actus

22/10/2013

My race in Kona

posté à 12h37

Bon voilà, l’aventure triathlétique 2013 s’achève, et je ne peux pas dire qu’elle fut dénuée d’intérêts, de surprises et de beaux moments.

En 2012, j’avais repris une licence pour faire mon premier et, à ce moment là en tout cas, mon unique Ironman, à Francfort. Au final, j’y avais décroché le fameux slot pour Kona. Je viens donc de disputer mon second Ironman en 3 mois, et cette fois, LA course mythique.
Beaucoup de choses s’étaient passées entre les 2 courses :
- négative comme cette chute vélo à 5 semaines de l’échéance, entraînant une grosse entorse de l’accromio, une tendinite du long biceps et surtout me mobilisant plus pour les examens et soins que pour un entrainement conséquent : pas de natation pendant ces 5 semaines et des sorties vélo et càp raccourcies. Toutefois je mesure aujourd’hui la chance (dans la malchance) que j’ai pu avoir car malgré tout j’ai pu participer alors que 2 semaines avant la course il était inenvisageable de pouvoir nager plus de 100m. Je remercie d’ailleurs vivement et chaleureusement mon doc’ Laurent et mon kiné Didier qui ont largement pris sur leur temps précieux pour me remettre d’aplomb au plus vite !
- Positive comme mon intégration au Team UP2, team de triathlètes amateurs ayant pour objectifs la participation à des courses Ironman en vu d’une qualification pour Hawaii. J’en remercie particulièrement Olivier, le boss du team, une très belle rencontre, et les membres du team présents à Kona et leurs familles qui m’ont parfaitement bien intégrés dans l’équipe.

Alors et cette course au fait ?

Et bien, la journée à débuté, comme les 2100 autres triathlètes, vers 4h du mat’ pour un petit déj’, toujours difficile à cause de l’estomac un peu noué. Puis c’est le départ vers le site de course, longue procession d’individus aux jambes rasées et aux regards autant inquiets que concentrés. Il fait nuit, la musique est en sourdine, l’ambiance est encore feutrée, solennelle voire pesante par moment. Passage par la tente de marquage pour le tatouage du numéro puis par la pesée (eh oui, nous aussi !) et enfin arrivée dans le parc pour les derniers préparatifs, gonflage des boyaux (merci David), pose des bidons et…ben c’est tout en fait !!

6h30 des échos du Star-Spangled Banner résonnent (ben oui on est aux US quand même !!) puis un coup de canon à faire trembler le sol du Pier est donné, j’assiste en vrai à moins de 20 mètres à ce que j’ai vu des dizaines de fois à la télé, le départ des pros. EnOOrme !!!

5’ plus tard, même coup de canon, (eh les gars prévenez avant quand même, ça fait flipper votre truc !!!), c’est le départ des pros féminines et également l’heure d’aller se mettre dans la queue pour la mise à l’eau. Comme à mon habitude, j’observe la ligne de départ de loin, où s’entassent déjà beaucoup de nageurs. Autant de monde à l’extérieur qu’au centre ou à l’intérieur, cruel dilemme de placement : la raison voudrait qu’avec mon épaule incertaine, j’opte pour l’extérieur où il y aura moins de baston mais finalement je décide d’aller me placer plutôt vers la droite, c’est-à-dire vers l’intérieur du parcours (qui a dit maso ?).

L’attente est longue dans l’eau, la pression de derrière monte, ça sent le souffre ! J’aperçois une agitation sur le pier à côté du canon, je pars et j’entends le coup partir en même temps, bien joué mec, tu vas te dégager tout de suite sans prendre de coups. C’est le cas pendant 150/200m, je suis devant, je vole sur l’eau…mais au fait…t’as oublié que t’avais pas nagé depuis 5 semaines ou quoi ??? Au bout de 200m, je commence à sentir des coups sur les pieds, puis les mollets, puis les cuisses, genre cachalots qui viennent s’échouer sur une plage, portés par le courant. Quand je commence à ne plus pouvoir sortir les bras de l’eau, voire respirer tous les 8/10 temps (merci les séances d’hypoxie ça m’a peut être sauvé la vie !!) je m’inquiète un peu plus sérieusement (put… les mecs, le Pacifique c’est grand, allez nager ailleurs bordel !!!) . On m’avait dit que c’était la machine à laver, l’image est fidèle !! Tout ça dure environ 300/400m puis les paquets se forment, ça s’étale, je peux enfin poser ma nage (ou presque !) et le reste du parcours se fait à peu près normalement.

Sortie de l’eau, j’enlève ma swimsuit Aquasphère, choppe mon sac au passage et arrive sous la tente : c’est blindé de monde, genre métro aux heures de pointe. J’ai dû faire un séjour à admirer les poissons un peu trop long !! bon toute façon c’est fait alors…Rapide changement, départ vélo par la petite grimpette de Palani Road, les jambes sont bonnes, je reste sur le petit plateau pour les quelques km de faux plat montant, je double déjà, c’est cool… puis retour sur Palani mais dans la descente et 1er aller retour avant de prendre la Highway. Je continue à ramasser des cyclistes : pas trop prévu au programme cette tactique, où sont les golgoths qu’on m’avait annoncé ?

Arrivée sur la Highway pour un aller retour de 170 bornes. 1er constat vent dans le dos à l’aller, garde des forces pour le retour !!! 2ème constat le Ceepo Venom répond au doigt et à l’œil, les roues DT Swiss, j’en parle même pas, je me demande si c’est pas elles qui tournent et qui emmènent mon pédalier…bref, ça envoie ! Seul truc, comme à partir d’une boule de neige on fabrique le bonhomme, je m’aperçois que, de 2 ou 3 gars avec qui je roule depuis le départ, en fait maintenant on est 15 puis 20…en gros, dès qu’on rattrape des gars, on se les colle !!! Parfois des paquets nous passent, 10 gars roues dans roues, mode Grand Prix de D1 et pas beaucoup d’arbitres finalement.

Le parcours est plutôt vallonné et très vite je constate que le 53x11 est carrément juste en descente car j’y prends des gros caramels par contre les fameux golgoths, dès que la route monte un peu (c’est pas l’Alpe d’Huez non plus hein !!), ils sont proprement scotchés (z’êtes en pignon fixe les gars aujourd’hui ? 56x11 partout ? ça va être beau vot’marathon !!!). Je passe quand même au 90ème en 2h16…je rattrape les pros ou quoi ??

On arrive sur la montée vers Hawi, où se trouve le demi tour et surtout où on m’a dit que les vents y sont pénibles. On prend effectivement un bon vent de face sur les 5 derniers km qui me permettent avec la montée de m’extraire du peloton tour de France qui s’est formé. Je n’ai aucun doute sur l’avenir de cette « échappée » qui sera reprise dès que la route descendra vent dans le dos mais bon faut se faire plaisir un peu, c’est pas du tourisme !!

Petite inquiétude depuis quelques km, je ressens parfois une gène au ventre genre spasmes mais qui disparaissent vite. Je me dis que le ravito ne passe pas trop, en tout cas ce qui est donné ne me plait pas voire me perturbe car pas ce qui était prévu au départ. Arrivé au 120ème km, les douleurs deviennent de plus en plus régulières et commencent à être beaucoup plus gênantes pour le pédalage. J’essaie de maintenir une bonne vitesse mais combinées au vent de face et au dénivelé, ces douleurs me scotchent littéralement. La boisson au citron, genre nettoyage des pissotières, ne passe pas alors je tente le coca, dont on m’a parlé des vertus sur les troubles intestinaux. J’aime pas trop car au niveau glycémie c’est risqué alors qu’il reste au moins 4 à 5h d’effort mais bon, je tente à tous les ravitos jusqu’à l’arrivée. Rien ne passe au début, je vais même jusqu’à m’arrêter sur le bord pour faire des exercices respiratoires, essayer de faire passer ça, mais rien. Je rentre finalement sur le petit plateau en me disant que le marathon va être très long dans ces conditions mais que je me dois d’aller au bout quoi qu’il arrive.

Entrée enfin dans Kona, descente de Palani Road, je donne mon vélo au bénévole et…cours, non marche enfin je sais plus, mais le ventre est douloureux. Mode survie branché, l’abandon n’est pas envisagé mais effleure parfois l’esprit. Je prends mon sac, m’assois sous la tente et prends mon temps pour le changement : chaussettes, Brooks de chez Cap marathon, casquette, gels, crème solaire. Et c’est parti…

Et là ? Plus rien, pas de douleur, je cours normalement…va comprendre Charles ??? Dès les 1ers mètres, je me sens plutôt bien, pas de douleurs lombaires, pour ça le Ceepo est juste énorme, et surtout plus de douleurs au ventre…que ça soulage !

Je me dis alors qu’il faut tenter un gros marathon, pour l’expérience ça peut servir. Je pars donc rapidement en mode 4’15 – 4’20 au km. Les 16 premiers km sont en aller retour sur Alii Drive, petite route de bord de mer, vallonnée mais le public et le paysage aident beaucoup. Bref, ça passe tout seul…

Retour dans Kona pour aller attaquer la Queen K Highway en passant par la montée de Palani, ça ça passe moins bien… Arrivé sur la highway, il reste 26 bornes qui se résument en une ligne droite vallonnée de 10 km puis un aller retour de 6 km dans Energy Lab puis la même ligne droite de 10 bornes dans l’autre sens. Et là, mentalement, c’est pas le même discours, on rentre direct dans ce que cette course a de particulier, elle vous perd hyper facilement. La concentration, la volonté d’attaquer, la motivation s’effritent au fur et à mesure des km. La largeur de la route vous fait perdre la notion de vitesse, accentué par les longs faux plats montants, l’absence de spectateurs fait descendre la motivation au fond des chaussettes. Bref, il faut aborder cette partie en s’y étant préparé avant…

Je passe malgré tout au semi en 1h32 donc des bonnes bases mais je m’effrite au fur et à mesure. Les km commencent à se courir en 5’ puis 5’15/5’20 alors que le physique parait bon. Parfois je sors de ma torpeur, me fout un ou deux coups de pied au c.. et réussit à accélérer, mais ça dure une borne et ça retombe. Energy Lab passe plutôt bien, il n’y fait pas si chaud grâce à quelques nuages qui ont voilé un peu le soleil.

Le retour en revanche se fait en mode « je dois finir » plutôt qu’en mode « chrono Forrest, chrono !! » et la hâte de voir le virage d’entrée dans Palani Road se fait de plus en plus pressante.

A ce moment là, il reste moins de 2km, la foule grandit et il est plus que temps d’apprécier ces derniers mètres. Là par contre pas de déception, ils sont magiques, les meilleurs de tous ceux que j’ai foulé jusque là. J’aperçois Marie-Line sur le bord, pleine de joie, sans doute de soulagement aussi avec ce trou noir de 2 bonnes heures, je suis fier pour elle et grâce à elle, pour les 2 zouzous aussi qu’on a laissé au pays, tant d’émotions, les frissons, les larmes qui montent. Du monde, des mains qui se tendent, une ambiance de dingue et enfin le « Maxime, you’re an IRONMAN !!! » qui résonne lorsque je franchis la ligne. C’est juste dingue de vivre ça et encore plus quand 4 heures avant, l’abandon était vraiment tout proche…Temps final 9h48, moins bien qu’à Frankfurt mais un sub 10h qui me satisfait amplement au vu des circonstances de course et d’avant course !

Après, que du classique, prise en charge par un bénévole qui ne vous quitte pas, ravito, médaille, ravito, T-shirt finisher, ravito, photo, ravito, massage, ravito, retrouvailles avec les potes du team, quelles superbes courses ils ont tous fait, quel plaisir d’en faire parti…et enfin je retrouve ma petite femme, sans qui sincèrement je ne ferais pas tout ça !! On va pouvoir enfin apprécier un peu de calme et de repos…

Pour conclure que dire ? Juste géant ! Cette course est un mythe, il faut la dompter, la faire est déjà énorme et l’expérience qu’elle m’a apporté est immense. C’est une course d’expérience, elle nécessite donc d’y revenir…et j’y reviendrais…dès que j’aurais un slot !!! Je sais, je sens que je peux y faire quelque chose d’encore bien meilleur, avec une meilleure préparation et plus d’expérience. Donc j’espère y être l’an prochain…

Enfin, et j’arrête là car j’ai été plus que long, d’immenses et sincères remerciements à tous ceux qui m’ont suivis de près ou de loin et aidés à leur manière, je ne fais pas de liste, vous vous reconnaitrez et je risque d’en oublier tellement vous êtes nombreux. Mentions particulières toutefois à ma petite femme chérie, qui m’a supporté (dans tous les sens du terme), soutenu et bien plus, mes 2 zouzous qui sont un moteur et mes parents et beaux parents pour leur soutien, moral et logistique !!!

L’aventure continue donc et le rendez vous est déjà pris pour le 29 juin 2014 à Nice…

 


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